À l’Alhambra | 2014-18.brussels

Novembre 1917 : une charrette, tirée à bras, annonce un événement à l’Alhambra. Dans cette salle de spectacle du centre-ville, il n’est depuis longtemps plus question de théâtre, mais de politique. L’Alhambra est devenu un haut lieu de l’activisme, du nom que l’on donne à la frange la plus radicale du mouvement flamand qui soutient désormais ouvertement l’occupant. Le 11 novembre 1917, ils sont plus d’un millier à y manifester en faveur de l’indépendance de la Flandre. Le meeting est plusieurs fois interrompu par des contre-manifestants, flamands eux aussi. Après la réunion, les incidents se poursuivent dans la ville. Tout au long de la guerre, patriotes belges et activistes flamands se disputent la rue bruxelloise.

Les activistes appuient la Flamenpolitik mise en place par l’autorité allemande, convaincus que leurs revendications d’avant-guerre se réaliseront par une collaboration avec le pouvoir occupant. À leurs yeux, Bruxelles est une ville flamande qui doit être reconquise, après avoir été perdue au 19^e siècle. Lorsque l’autorité allemande décide la séparation administrative du pays en 1917, Bruxelles est décrétée capitale de la Flandre. Mais dans cette ville encore plus qu’ailleurs, l’activisme échoue à se transformer en mouvement de masse.