À l’heure allemande | 2014-18.brussels

Quatre soldats allemands montent la garde devant le Palais de justice. Le canon est braqué vers les Marolles, situées en contrebas de l’édifice. En 1914, Bruxelles est décrétée capitale du gouvernement général de Belgique. Mais ce n’est pas seulement la structure administrative du pays qui est modifiée. La vie économique, politique et sociale est bouleversée par le régime d’occupation. Pendant cinquante mois, Bruxelles vit à l’heure allemande. Il ne s’agit pas ici que d’une image. En novembre 1914, l’occupant abolit l’ancienne heure légale. L’heure de Greenwich est remplacée par l’« l’heure normale de l’Europe centrale ». Horloges publiques, pendules de cafés et cadrans d’église doivent être avancés de 60 minutes.

Cette mesure vexatoire ne laisse pas la population bruxelloise sans réaction. Si la vie publique est rythmée par l’heure officielle, la vie privée se règle encore le plus souvent à l’heure de l’Europe occidentale. La zwanze bruxelloise s’empare bientôt de l’événement. Circulant sous le manteau, une chanson de l’époque affirme qu’en avançant l’heure, « Ca fait toujours une heur’ plus tôt / qu’on fich’ra l’alboche [l’Allemand] à la porte ! ».