‘Paisibles Belges’ | 2014-18.brussels

Treize hommes et une femme, solennels, prennent la pose. Nous sommes à Evere, le 14 août 1914, dix jours après l’invasion du pays. Aux pieds de ces civils, une pancarte indique : « Paisibles Belges attendant … les Allemands barbares ». La seconde partie de l’inscription, celle qui accuse directement l’ennemi, sera occultée par la suite. Elle a probablement été effacée sous l’occupation par l’une des personnes photographiées, par crainte de représailles. La pancarte rappelle que, au cours des premières semaines de la guerre, la mobilisation n’est pas qu’une affaire de soldats. La défense de la patrie doit être l’affaire de tous. À partir du 5 août, cette mobilisation est galvanisée par les massacres de civils qui accompagnent l’avancée des troupes du Reich. L’Allemand n’est plus seulement l’envahisseur. Il devient, comme l’affirme cette photographie et bientôt l’ensemble de la propagande alliée, un « barbare ».

L’avancée allemande s’opère dans le sang. Redoutant que des civils ne se transforment en francs-tireurs et ne mènent une résistance armée, les troupes du Reich mettent à sac des villes et villages entiers. En Wallonie et en Flandre, comme dans le Nord de la France, on assiste à des exécutions sommaires, des prises d’otages ou encore des déportations de civils. Dans la seule petite ville de Dinant, plus de 600 hommes et femmes sont fusillés, tandis que plusieurs quartiers sont incendiés. En trois semaines, les exactions commises par les soldats allemands font 5.000 victimes parmi la population civile de Belgique. Les civils n’échappent plus à la violence du conflit, servant même parfois de boucliers humains à l’ennemi. La guerre devient totale.