Protestation | 2014-18.brussels

Place des Martyrs, le 21 juillet 1915. Bruxelles vit à l’heure allemande depuis près d’un an, mais la fête nationale n’est pas oubliée pour autant. En signe de protestation contre l’occupation, des Bruxellois se regroupent autour du monument dédié aux combattants de l’indépendance belge de 1830. Ce jour-là, Bruxelles est une ville morte : cafés et magasins gardent porte close. Les commerçants qui n’ont pas spontanément baissé leurs volets sont contraints de le faire sous la pression populaire : des bandes de « patriotes » belges circulent et les pierres volent dans les vitrines. Depuis les journées d’août 1914, c’est la première fois qu’un mouvement organisé manifeste ouvertement son attachement à la cause belge.

Au cours des années suivantes, chaque fête nationale est, pour une partie de la population, l’occasion d’exprimer son refus de la domination allemande. Le 21 juillet 1916, soucieux d’éviter les incidents de l’année précédente, l’occupant interdit l’accès à la place des Martyrs. L’agitation patriotique se déplace à la collégiale saints Michel-et-Gudule. Le cardinal Mercier, icône de la résistance belge depuis sa lettre pastorale ‘Patriotisme et endurance’ de décembre 1914, y tient un prêche enflammé dans un édifice plein à craquer. À la sortie de l’église, une bousculade oppose la foule aux forces de l’ordre belges.